“Fais un bisou à mamie”. Cette phrase, nous l’avons déjà tous entendue, et peut-être même prononcée nous-mêmes. Mais derrière cette demande apparemment anodine se cache une question essentielle : nos principes éducatifs justifient-ils de passer outre le droit des plus jeunes à disposer de leur corps ?
À l’heure où la notion de consentement n’a jamais été aussi présente dans le débat public, celui des enfants, lui, semble toujours empreint de contradictions. Bien qu’on leur enseigne que leur intimité mérite d’être respectée, leur refus est souvent ignoré, voire culpabilisé. “Je vais être triste si tu ne me fais pas de câlin” tente-t-on de les convaincre.
Un double message qui brouille les repères des enfants. Leur corps leur appartient… sauf quand cela dérange les adultes ! Comment, alors, attendre d’eux qu’ils soient capables de repérer les situations à risques, de poser leurs limites et d’entendre celles des autres?
Proposer sans imposer
En tant qu’adultes, notre responsabilité est de montrer l’exemple. Qu’il s’agisse de marques d’affection ou de soins corporels, il est essentiel de demander la permission et d’accueillir un refus sans pression ni chantage affectif.
Évidemment, il ne s’agit pas de renoncer à son rôle parental en leur laissant tout décider. Les enfants n’ont pas encore la maturité nécessaire pour faire les bons choix pour leur santé ou leur sécurité. Mais cela ne signifie pas qu’il faille imposer sans expliquer. On peut initier un dialogue, nommer les gestes, rassurer, et parfois proposer des alternatives qui les rendent acteurs : leur apprendre à se laver seuls, leur demander comment ils préfèrent un signe de la main ou un bisou au moment de se dire au revoir…
Cette éducation au consentement instaure un climat de confiance : elle montre aux enfants que leurs envies, leurs besoins et leurs émotions sont légitimes. Elle crée un cadre sécurisant où ils peuvent grandir et s’affirmer pleinement. Elle leur enseigne à accorder la même considération aux autres. Mais surtout, elle leur permet de savoir dire non, et de se protéger.
Des livres pour parler du consentement aux enfants
Il n’est pas toujours aisé de trouver les bons mots pour parler aux tout-petits, surtout lorsqu'on n’a pas, soi-même, grandi avec ce genre de repères. Pour introduire les notions d’intimité et de consentement, il existe de nombreuses ressources pédagogiques adaptées aux plus jeunes.
“Le petit guide de la foufoune sexuelle - tome 1”, par exemple, aborde ces sujets en s’adressant directement aux enfants. Ils apprennent ainsi à nommer les différentes parties de leur corps, à comprendre son fonctionnement, à identifier leurs émotions, à comprendre ce qu’est l’amour, la pudeur, la nudité… “Les enfants doivent avoir conscience de ce qu’ils ont entre les jambes. Sinon, comment peuvent-ils avoir conscience du consentement et se protéger ? Si rien n’existe, il n’y a rien à protéger…” souligne l’autrice Julia Pietri.
Vous pouvez vous le procurer directement sur le site de Gang du Clito.
Crédit photo : Anita Jankovic sur Unsplash
