Beaucoup d’adolescents se tournent vers la pornographie pensant combler leurs lacunes, lui donnant un rôle didactique. Seulement, leur immaturité et leur manque d’expérience ne leur permettent pas de prendre de la distance avec le contenu visionné, qu’ils confondent parfois avec la réalité.
Vous êtes entré dans sa chambre - sans frapper, il est vrai - pour lui annoncer que le dîner était prêt. Surpris, votre adolescent s’est empressé de fermer l’écran de son ordinateur ou de verrouiller son téléphone. Les joues rouges, le regard fuyant... Pas de doute : il était en train de regarder du porno. Et il est loin d’être le seul : une enquête menée par l’IFOP en 2023 sur le rapport des Français à la pornographie dévoile que 82% des jeunes adultes interrogés ont consulté un site pornographique avant 18 ans. Plus alarmant encore, 2,3 millions de mineurs consomment 50 minutes de contenus pornographiques en moyenne chaque mois, d’après une étude de Médiamétrie en 2022.
Cette exposition précoce peut s’expliquer par les faibles restrictions mises en œuvre pour accéder à ces sites, mais également par le manque de ressources pédagogiques disponibles pour informer et éduquer les jeunes à la sexualité. À un âge où fourmillent les questionnements, les adolescents sont souvent démunis lorsqu’il s’agit de trouver des réponses. L’école, bien qu’elle doive mettre en place au minimum trois séances d’éducation sexuelle par an depuis 2001, ne respecte pas toujours cette obligation ou se contente d’aborder les dimensions biologiques et procréatives de la sexualité.
Quels sont les risques d’une exposition précoce à la pornographie ?
Pratiques toujours plus extrêmes, corps standardisés, absence de consentement explicite, violence... Les travers de la pornographie créent des normes faussées, des attentes irréalistes, à un âge où la sexualité est en pleine construction. Le risque, pour les adolescent.es qui s’en servent comme outil éducationnel, est d’aboutir à une sexualité adulte toxique et terriblement pauvre.
En outre, les sites gratuits tels que PornHub (encore le plus visité en 2023) diffusent majoritairement du contenu pensé par et pour l’œil masculin (le fameux male gaze), où les femmes ne sont pas représentées comme des sujets désirants mais comme des objets destinés à la jouissance de leurs partenaires masculins.
Pour les jeunes consommateurs, comment imaginer, alors, la sexualité autrement que d’un point de vue phallocentré ?
Que faire si notre adolescent regarde du porno ?
Si l’on découvre que son adolescent consomme de la pornographie, pas de panique.
À cet âge, il est naturel de s’interroger sur la sexualité et de chercher à en savoir plus. L’essentiel est de garder une approche nuancée : la sexualité n’a rien de honteux ni de sale. Elle fait partie de la vie. En revanche, la pornographie ne reflète pas la réalité, et il est essentiel de lui rappeler.
Avant d’être une question de performance, la sexualité est d’abord une affaire de rencontre, d’écoute, de partage, d’exploration, de découverte, de créativité - mais aussi, parfois, de maladresses, d’incertitudes et de ratés. C’est un moment d’échange, à deux (ou à plusieurs), une expérience faite de connexion et d’intimité. Cette dimension relationnelle est totalement absente de la majorité des contenus pornographiques, alors qu’elle fait le sel des rapports humains.
Pour lui offrir de bons repères et aborder des sujets tels que le consentement, le respect, le désir ou encore la première fois, offrez lui le tome 2 du “Petit guide de la Foufoune sexuelle”,
Dans ce livre, l’autrice Julia Pietri parle avec bienveillance et inclusivité de la puberté. Ce livre est destiné aux adolescent.e.s, à toutes les filles et à tous les garçons curieux de se connaître. On y explique les émotions, les pics d’hormones, le consentement, les premières fois, les règles, les poils, l’égalité HF et aussi comment mettre un préservatif par exemple ...
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